WAR IS OVER

WAR IS OVER (Lennon-Ono)

«  Les penseurs les plus divers ont démontré depuis des millénaires que la guerre était une « grande illusion », que les vainqueurs n’y perdaient pas moins que les vaincus, que chacun avait intérêt à forger les épées en socs de charrues, et pourtant toutes les sociétés humaines, et particulièrement les civilisations les plus élevées, n’ont cessé d’avoir recours à la guerre, au risque de disparaître par un véritable suicide. L’acharnement de la civilisation hellénique à se déchirer elle-même dans la guerre du Péloponnèse, celui que nous-même avons apporté à nous détruire en Europe, pendant la première moitié de ce siècle, constitue des exemples assez clairs. 

À quelle fonction répondent des coutumes telles que la « couvade » des Indiens amazoniens ? Ou les tabous alimentaires des religions sémitiques ? Comment expliquer que la sexualité, fondée sur un instinct commun à l’homme et aux animaux et essentiellement identique à lui-même dans toute notre espèce, soit encadrée par des institutions matrimoniales et familiales aussi diverses et parfois déconcertantes que celle dont l’humanité donne le spectacle ? À quel besoin social correspondent des mutilations telle la circoncision, l’excision, l’ablation des phalanges et autres traitements que s’infligent ou se sont infligés différents peuples, non par fantaisie passagère, mais pendant de longues durées et avec un sentiment de profonde obligation ? 

À la vérité, supposer que tout puisse s’expliquer par des fonctions dont la nécessité serait plus ou moins consciemment ou même inconsciemment ressentie, elles-mêmes répondant aux besoins vitaux tels que l’alimentation, l’instinct sexuel, ou le désir d’une collectivité de persévérer dans son être, c’est méconnaître la part immense de l’irrationnel dans l’homme et sa conduite. »

Jacques Soustelle, Les Quatre Soleils 1967, Plon

 

Série composée de 70 photographies sur négatif noir et blanc.

 

“The most diverse thinkers have demonstrated for millennia that war is a “great illusion”, that the victors lose no less than the vanquished, that it is in everyone’s interest to forge swords into ploughshares, and yet all human societies, and particularly the most elevated civilizations, have never ceased to resort to war, at the risk of disappearing by a veritable suicide. The Hellenic civilization’s determination to tear itself apart in the Peloponnesian War, and the determination we ourselves brought to our own destruction in Europe in the first half of this century, are clear examples. 

What function do customs such as the Amazonian Indians’ “couvade” serve, or the dietary taboos of Semitic religions? How can we explain the fact that sexuality, based on an instinct common to man and animals and essentially identical to itself throughout our species, is framed by matrimonial and family institutions as diverse and sometimes disconcerting as the one we see today? What social need is there for mutilations such as circumcision, excision, phalange removal and other treatments that different peoples inflict or have inflicted on each other, not out of passing fancy, but over long periods and with a sense of profound obligation? 

In truth, to suppose that everything can be explained by functions whose necessity is more or less consciously or even unconsciously felt, themselves responding to vital needs such as food, sexual instinct, or a community’s desire to persevere in its being, is to ignore the immense share of the irrational in man and his behavior.”