MATTERS MATTER

MATTERS MATTER

La série photographique Matters Matter présente, sous forme de natures mortes, des déchets, traces négligées de l’histoire qui nous habite et nous est commune.

De l’histoire passée, nous héritons et apprécions les arts, l’architecture, les livres. Ce sont les principales empreintes laissées par les civilisations. De nos jours, les déchets sont devenus la trace la plus importante et la plus durable de notre existence quotidienne. Ecrasés, balayés, jetés, récupérés après nos passages, ils témoignent d’un mode de vie planétaire aussi complexe que désinvolte, aussi paradoxal qu’inégal.

Au XXI°ème siècle, chacun de nous jette plusieurs fois par jour des matières à la poubelle, dans la rue, ou encore dans la nature. Ce geste accompli en demi-conscience est oublié une seconde après. Ainsi nous affirmons notre déconnection de la nature organique des éléments, ceux-là qui constituent pourtant l’essence même du vivant. Mais loin des yeux les déchets continuent à se transformer et ne sont donc pas inertes. Ils s’intègrent à un univers en mouvement et rejoignent les milliards de particules qui composent l’énergie et la matière dont nous sommes issus.

“J’ai trouvé intéressant de voir comment votre série transforme les déchets quotidiens en quelque chose de fragile et de précieux, révélant dans le banal une présence quelque peu mystique.” Fabian Knierim, conservateur au Centre de la photographie Westlicht, Vienne, Autriche.

 

« Le Miz Du couvre la déchéance annoncée, tous les morts se ressemblent, ils portent la peau grise, translucide, les ongles et les cheveux poussent encore légèrement, les liquides s’enfuient, la raideur s’impose. 

Les objets inanimés de Michel Monteaux n’ont pas besoin de thanatopracteur pour retrouver leurs couleurs. L’âme à l’odeur esthétisante est piégée dans le regard du photographe. Choses méprisées des produits de l’industrie humaine, leurs vies silencieuses et minuscules renforcent l’allusion spirituelle d’une émotion poétique.

Pas de possibilité d’amour face aux objets inanimés, juste un regard en biais, une découverte par surprise. Posture élégante de la trace que l’homme et la nature laissent en défiant le temps à l’oeuvre de la disparition. 

Les invisibles communs réapparaissent au monde sensible de la photographie. Nous avons rencontré cette feuille, ce plastique, cet insecte écrasé, cette aile d’oiseaux que le pélerin a laissé de son déjeuner, chuté dedans peut-être, nettoyés avec empressement. Ne plus voir ce qui dérange, ce qui grouille dans nos poubelles, les incinérer sans relâche, les écarter à chaque instant pour garder notre environnement aseptisé. 

Dans la présentation de ces natures mortes, le photographe nous invite à une autre découverte de ce qui nous définit en creux.

« Mais à quoi pensais-je avant de me perdre à regarder » Fernando Pessoa « 

Martine Chapin 

 

De manière abstraite, les images présentent des ordures collectées au sol dans l’espace ur- bain. Elles interpellent l’œil, intriguent l’esprit, car il est nécessaire pour la plupart des images de «deviner» ce qu’elles représentent. Est-ce quelque chose de connu? Est-ce aussi une pho- tographie, un dessin? Cela conduit inévitablement à une interaction avec le public et en particulier les plus jeunes. Les déchets ne sont pas considérés comme tels tant que leur vraie nature n’est pas révélée. S’ensuit une discussion sur l’apparence, la diversité, l’environnement, et pour certaines images les notions de vie, de mort sont évoquées. Qu’est-ce que la beauté, le répulsif ou l’attrait? J’ai conservé les éléments photographiés qui peuvent également être montrés dans leur forme d’origine en tant qu’installation.

La série est composée d’environ 48 images. Plastiques, Carcasses, Végétaux . Les déchets ont été ramassés dans l’espace urbain.

 

The Matter Matter photographic series presents waste as still lives, a neglected traces of the common history we share. From the past we inherit and enjoy arts, architecture, and books. These are the main imprints left by civilisations. Today waste has become the most important, long lasting trace of our daily existence. Our wastes bear witness to a planetary lifestyle as complex as it is casual, as paradoxical as it is unequal.

In the XXI rst century each of us throws garbage at home in the street, in the wild, everyday. This gesture is accomplished in half consciousness and forgotten a second later. Crushed, swept, thrown, stepped on recovered after our passage, I have gathered plastics, carcasses, and plants all collected within the urban space. Our disregard for all these living matters might be one more way to remain disconnected from the organic nature of the elements which constitute the very essence of all forms of life. Far from the eyes the waste continues to transform. It is not inert. Molecules, fibers, cells while decomposing become part of a moving universe and join the billions of particles that make up energy and matter.

 

“I found it interesting to see how your series turns everyday garbage into something fragile and precious, revealing a mundane presence in the banal.” Fabian Knierim, curator at the Westlicht Photography Center, Vienna, Austria.

 

« The Miz Du*covers the announced decay, all the dead look alike, they wear the gray, translucent skin, the nails and the hair still grow slightly, the liquids flee, stiffness imposes itself.

Michel Monteaux’s inanimate objects do not need a thanatopractor to find their colors. With its aesthetic odor, the soul is trapped in the photographer’s eyes. Despised by the products of human industry, things in their silent and tiny lives reinforce, the spiritual allusion of a poetic emotion.

No possibility of love in front of the inanimate objects, just a slanting glance, a discovery by surprise. Elegant posture of the trace that man and nature leave, defying time at its work of disappearance.

The common invisibles reappear in the sensitive world of photography. We met this leaf, this plastic, this crushed insect, this bird’s wing that the pilgrim has left from his lunch, fallen-in perhaps, cleaned with eagerness. To no longer see what is disturbing, what is swarming in our garbage, to incinerate them relentlessly, to dismiss them at every moment to keep our environment sanitized.

In the presentation of these still lives, the photographer invites us to another discovery of what defines us in hollow.

« But what was I thinking before I lost myself in looking »  Fernando Pessoa »

Martine Chapin

*Black month

 

In an abstract way the images present garbage collected on the ground in the urban space. They challenge the eye, intrigue the mind, because it is necessary for most images to « guess » what they represent. Is it something known. Also is it a photography, a drawing? This inevitably leads to interaction with the public and especially younger ones. Waste is not regarded as such until its true nature is revealed. Follows a discussion on the appearance, the diversity, the environment, and for some images the notions of life, death are evoked. What is beauty, repellent or attractiveness? I kept the photographed elements which could also be shown in their original form as an installation.

The series is composed of about 48 images. Plastics, carcasses and plants. All wastes have been collected in an urban space.

 

Tirages en vente sur commande. Prints available on order.

Pigment prints on Hahnemühle William Turner 350g 40×40 cm, and 80×80 cm for the limited edition of 8 plus 2 artist’s proof.